Éoliennes à proximité des lignes électriques à haute tension
L’expansion des énergies renouvelables et de nouveaux consommateurs, notamment les pompes à chaleur et les voitures électriques, pourraient submerger les réseaux électriques. S’il n’y a pas d’expansion à temps, cela ralentira la transition énergétique.
Paris, France). L’Allemagne et de nombreux autres pays ont considérablement développé les énergies renouvelables ces dernières années afin de réduire les émissions de CO₂ et de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius. Une étude de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) montre désormais que les réseaux électriques actuels ne suffisent pas à la croissance rapide des sources d’énergie climatiquement neutres telles que l’énergie éolienne, hydraulique et solaire. Selon le patron de l’AIE, Fatih Birol, environ 80 millions de kilomètres de réseaux électriques devront être reconstruits ou modernisés d’ici 2040.
« Les progrès récents en matière d’énergie propre que nous avons constatés dans de nombreux pays sont sans précédent et incitent à l’optimisme. Mais ils pourraient être en danger si les gouvernements et les entreprises ne travaillent pas ensemble pour garantir que les réseaux électriques mondiaux sont prêts à affronter la nouvelle économie énergétique mondiale. Nous devons investir dans les réseaux aujourd’hui ou faire face à une impasse demain.»
Simulation des investissements réseaux
Pour leur étude, les chercheurs de l’AIE ont simulé ce qui arrive aux réseaux électriques si les réformes réglementaires sont trop lentes et que les investissements dans les réseaux électriques sont retardés. Dans le pire des cas, le développement des énergies renouvelables pourrait être considérablement retardé et la consommation de combustibles fossiles pourrait augmenter.
Cela signifierait que les émissions de CO₂ entre 2030 et 2050 seraient près de 60 millions de tonnes plus élevées que dans le cas optimal. L’augmentation des températures moyennes mondiales dépasserait donc l’objectif de 1,5 degré Celsius et, avec une forte probabilité (40 %), dépasserait 2 degrés Celsius.
Pompes à chaleur et voitures électriques
Comme l’explique l’AIE, les voitures électriques et les systèmes de chauffage équipés de pompes à chaleur sont en partie responsables de l’augmentation significative de la demande d’électricité dans les années à venir. Ce sont des régions qui tirent actuellement la majeure partie de leur énergie de combustibles fossiles. Selon les chercheurs de l’AIE, un approvisionnement énergétique fiable pour les nouveaux consommateurs ne peut être garanti que par des investissements dans le réseau électrique.
L’Agence fédérale des réseaux (BNetzA) a également récemment signalé que l’augmentation de la consommation d’électricité provenant des voitures électriques et des pompes à chaleur mettait en danger la sécurité de l’approvisionnement. L’autorité souhaite donc permettre aux opérateurs de réseau de limiter l’électricité pour ces consommateurs en Allemagne.
Lente expansion des réseaux électriques
L’AIE souligne la nécessité d’agir rapidement, car la modernisation et l’expansion du réseau nécessitent souvent de longs délais. Alors que la mise en place de nouvelles structures de réseau prend souvent 5 à 15 ans, les projets dans le domaine des énergies renouvelables peuvent souvent être mis en œuvre en 1 à 5 ans. De plus, les infrastructures de recharge pour les voitures électriques sont souvent disponibles en moins de deux ans.
« Nous ne pouvons plus nous permettre de retarder. Les dix prochaines années sont cruciales. L’ambition affichée par de nombreux pays en matière d’énergies renouvelables doit désormais se traduire par le développement et la modernisation de leurs réseaux électriques.»
Birol souligne également la grande importance de la coopération internationale, comme l’expansion des réseaux électriques dans les pays économiquement faibles.
« Veiller à ce que les pays en développement disposent des ressources dont ils ont besoin pour construire et moderniser leurs réseaux électriques est une tâche essentielle pour la communauté internationale. De cette manière, les économies les plus performantes pourraient contribuer à améliorer la vie des populations, à renforcer le développement durable et à réduire les risques liés au changement climatique.